Available in: English | Français |

En Janvier 2014, je faisais des recherches sur l’histoire du Mouvement de Lausanne dans une bibliothèque de l’université d’Oxford. Ce jour là en particulier, je lisais une série d’articles datant de 1984, une rétrospective de dix ans sur le premier Congrès de Lausanne. La manière dont les gens parlaient de ce Congrès dix ans après sa tenue, me permettait de voir à quel point cela avait eu un impact.

Comme je continuais à lire plus sur comment Dieu avait utilisé le Congrès pour booster l’Église pour l’évangélisation mondiale et la mise en place de tant de partenariats, en lisant La Déclaration de Lausanne, je commençais à penser: « c’est merveilleux de lire l’histoire, mais Dieu, fais le de nouveau. J’aimerais faire partie de l’histoire ».

Ne pouvant plus me concentrer sur mes études, je fini par marcher vers une cour intérieur d’Oxford où je m’assis en cette soirée d’hiver et priais: « Dieu, fais le de nouveau. Agis dans notre temps. Me voici, utilise moi ».

Quelques semaine plus tard, Paul Cedar, président exécutif de Lausanne à cette époque, m’appela et me dit: « je pense à démissionner en Octobre prochain lors du forum 2004, et pendant que je priais, ton nom me vint à l’esprit. Je souhaiterais te désigner pour être le prochain président exécutif ».

Ainsi, je commençais à songer très souvent au Congrès. En étudiant l’histoire des grands conseils de l’Église, il paraissait évident qu’ils ne se réunissaient en effet que lorsqu’une crise s’annonçait – un problème interne, une hérésie ou des pressions externes comme la persécution et l’hostilité de la part d’autres groupes. Ces choses justifiaient le rassemblement de l’Église.

Il s’était écoulé presque 15 années depuis le dernier Congrès de Lausanne, qui était en effet le dernier Congrès international sur l’évangélisation mondiale. En pensant aux changements rapides, aux pressions externes et aux problèmes internes de l’Église, je commençais à partager cette idée.

‘Ça semble bon au Saint-Esprit et à nous-mêmes’

En Novembre 2005, j’appelais à un rassemblement 25 leaders influents de chaque partie du globe ainsi que dans les courants majoritaires de l’Église. Ils étaient enthousiasmés et supportaient à l’unanimité cette idée, qui au fil des mois ne faisait que se consolider, et ce groupe devint plus tard le Conseil Consultatif du Congrès.

Ayant gagné l’enthousiasme du cœur de la direction de Lausanne, le conseil et les directeurs adjoints internationaux (IDDs), nous commencions à penser à un local. Nous nous étions rassemblés à Lausanne en Suisse, en 1974, à Manille aux Philippines, en 1989; et nous avions réellement besoin d’un immense rassemblement en Afrique. Ainsi, nous avons visité plusieurs pays et avons décidé d’envisager un local à Cape Town en Afrique du Sud.

Nous attendions quatre confirmations: d’être convaincu par le comité d’accueil qui voulait nous emmener à Cape Town, avoir le soutient des leaders chrétiens de la région, avoir le soutient du gouvernement municipal et une relation de confiance avec l’hôtel et le service des congrès.

Après avoir reçu toutes ces confirmations lors de notre dernière réunion à Cape Town avec un groupe de hauts dirigeants qui sera connu plus tard sous le nom de Cape Town Trust/La Confiance de Cape Town, Michael Cassidy revint vers moi et dit: « Eh bien Doug, ça semble bon au Saint-Esprit et à nous-mêmes que le troisième Congrès international de Lausanne devrait être à Cape Town en 2010. »

Défis, déceptions, et héros de grâce

Il y avait de nombreux défis sur la route pour Cape Town, en particulier dans le domaine des communications, la sélection des participants, le financement et le programme. Cependant, nous étions soutenu par le Saint-Esprit, et il y a avait un sentiment d’appel et de confirmation divine. En fin de compte le plus grand défi n’était pas d’ordre organisationnel, administratif ou financier, mais c’était un défi de foi. « Celui qui vous appelle est fidèle et c’est lui qui accomplira tout cela. » (1 Thessalonicien 5v.24). Il y avait des défis, mais c’était prévisible. Pour nous tous, c’était une expérience à bâtir la foi.

L’une des plus grandes déceptions au Congrès venait du fait que la délégation chinoise fût incapable de participer. Plusieurs fois avant le Congrès, lorsque je discutais avec des gens je disais que la plus grande raison d’aller au Congrès était tout simplement d’interagir avec les leaders de Chine, pour voir leur dynamisme, leur créativité et leur énergie. Nous avions travaillez en étroite collaboration avec le meilleur conseiller qu’on avait pu trouver, mais finalement, les délégations chinoises étaient toutes bloquées au plus haut niveau du gouvernement pour pouvoir venir.

Le deuxième ou troisième jour du Congrès était aussi le jour où je reçu la nouvelle à propos de l’attaque informatique. Tous les systèmes qui étaient destinés à connecter 630 sites dans le monde entier pour suivre le Congrès en direct étaient au plus bas. Nous avions pensé à tout type de problème de sécurité et engagé un expert en sécurité mondiale, mais n’avions pas prévu une attaque informatique. L’équipe informatique travailla durant tout le restant du Congrès afin de rattraper son retard et restaurer la connexion.

Cependant, nous avons aussi eu d’autres situations qui avaient conduit à connaitre les héros de la grâce, notamment, les frères et sœurs latino-américains qui autorisaient la distribution des ressources de la conférence sur CD, malgré le fait qu’ils contenaient une vidéo qui n’avait pas pu être retirée à temps et représentait de manière peu avantageuse les groupes pentecôtiste et catholique.

Les réalités glorieuses et visibles

Lors du rassemblement du Cap 2010, nous vîmes 4000 personnes venant du monde entier présentes physiquement en un même lieu. Cela reflétait les réalités démographies, théologiques, ecclésiales de l’Église mondiale. C’était un microsome de l’évangélisation mondiale, avec des représentants du Vatican, le l’Église Orthodoxe, et du conseil œcuménique des Églises.

Le décalage dans le christianisme mondial était perceptible au Cap comme jamais auparavant. En 2010, plus de 60% des chrétiens provenaient des pays du Sud. Avoir un Congrès où le président du programme était un égyptien, le directeur du programme était un indien, le responsable de la sélection des participants était un malaisien, et le président d’honneur du Congrès un évêque anglican d’Afrique du Nord, était un joyeux reflet de cette réalité.

L’équipe de louange réunissait une variété de styles de louange – liturgique, chorales charismatiques, vieux hymnes, des chansons, de la danse, des instruments différents; c’était tout simplement magnifique. Au cours de la cérémonie de clôture, nous avons adoré le Seigneur avec environ 5.000 personnes qui avaient été ensemble pendant dix jours. Ce fut un moment fort d’anticipation de notre grande espérance eschatologique. En outre, nous réalisions que le lendemain, nous retournerions dans 198 pays en portant cette grande espérance et la vision de ce que nous recherchons.

Nous nous attendions énormément à Dieu pour construire le consensus que nous avions prévu pour le Congrès. Durant Lausanne 1974, les gens n’avaient pas beaucoup d’expériences du travail collectif qui va au-delà des traditions d’églises ou des pays. A Lausanne 1989, il y avait eu des moments où des délégations de certaines régions étaient sur le point de partir. Le Cap 2010 avait douze directeurs adjoints internationaux, un conseil représentatif au niveau mondial, et deux hommes d’État de haut niveau de chaque région. Il ne fut pas caractérisé par du ressentiment ou de l’acrimonie en termes de débat ou d’interaction.

Cette dynamique avait été observée au niveau des groupes de partage; à l’heure actuelle, on peut difficilement imaginer un congrès international sans les groupes de partage. Dans la salle, chaque participant n’était pas juste un personne parmi 4000, assise avec ceux de la même région que lui, mais une personne dans un groupe de six. Ceci créait un lieu où tout le monde pouvait être, et pouvait partager des points de vue venant du monde entier.

L’héritage

Le Congrès a créé un point de référence et d’identification continu. Je me trouvais récemment à une conférence téléphonique, et la personne avec qui je parlais faisait référence au Mouvement de Lausanne dans sa biographie. Il est devenu un moyen fiable pour reconnaître ou référencer une personne comme un penseur ou un leader influent, ce qui est nécessaire dans le mouvement évangélique. En outre, bien sûr, de nombreux organismes et organisations missionnaires en particulier, ont commencé ou se sont renouvelés en utilisant la Déclaration de Lausanne comme leur déclaration de foi.

Plusieurs de ceux qui été déterminés à voir le Congrès devenir une réalité disaient également: « Nous ne voulons pas que cela soit seulement un événement de dix jours, puis tout s’arrête là. »Nombreuses sont les histoires dont j’ai entendu parlé depuis les initiatives qui ont débuté au Cap 2010, que ce soit à travers des rencontres à un groupe de partage ou tout simplement la spontanéité des personnes qui se réunissent. En effet, ces rencontres complètement imprévus ont conduit à un certains nombre de ministères très importants. Je pense que ceci est l’un des plus importants héritages du Cap.

D’un moment à un Mouvement

Quand je pense à un alpiniste, la destination sûre n’est pas le sommet de la montagne, mais la vallée. Le grimpeur doit arriver au sommet et y revenir, sains et sauf.

Trois ans après le Congrès, le Mouvement de Lausanne se réunit à Bangalore, en Inde. Il y avait 350 personnes et dirigeants impliqués dans le Mouvement réunis en cet endroit. Toutes les factures avaient été payées, et un nouveau directeur général était en train d’être installé, ainsi que les nouveaux membres du comité et de la direction internationale. Des consultations se déroulaient depuis le Cap, allaient se dérouler, et se déroulent maintenant.

Nous étions partis d’un moment, le grand moment qui est très visible, à un Mouvement qui a vraiment de l’impact. Nous descendions du sommet de la montagne pour un retour dans la vallée, et cela me donne une grande satisfaction de savoir que maintenant, cinq ans après l’événement, il y a une telle vitalité dans le Mouvement.

A Lausanne III, nous étions entrain de reconstruire le Mouvement. Vers la seconde moitié du Congrès, Michael Oh, et l’équipe qui avait été impliquée dans le rassemblement des jeunes leaders 2006, réunit les jeunes leaders. Il y avait 800 à 900 jeunes leaders qui s’étaient réunis à 22h30 dans une salle de fête tant le groupe était grand. Je me tenais sur une chaise au milieu de la salle pour parler à ce groupe qui était rempli de tant d’énergie et d’enthousiasme. Il y avait une attente de cette génération à vouloir s’identifier avec le Mouvement et le Congrès.

Comme je le faisais ce soir d’hiver 2004 à Oxford,  aujourd’hui, en 2015, il y a une nouvelle génération qui étudie l’histoire du Mouvement, et le Congrès du Cap 2010 en fait maintenant partie. Il y a également encore des personnes à travers le monde qui disent: « C’est merveilleux de lire l’histoire, mais Dieu, fais-le de nouveau. Agis dans notre temps. Me voici, utilise-moi ».

Doug Birdsall a occupé le poste de président du Mouvement de Lausanne et présidé le congrès Cape Town 2010. Doug et sa femme Jeanine ont commencé leur service missionnaire au Japon en 1980 avec Asian Access. Ils y sont restés 27 ans. Ils habitent actuellement dans la région de Boston, près du Gordon-Conwell Theological Seminary, où Doug a été le directeur fondateur du J Christy Wilson Centre for World Missions. Les Birdsall ont trois enfants mariés et cinq petits-enfants, qui vivent à Londres, New York et Washington DC.

Traduit par: Fany Mpegere